Montessori sans matériel : la 3e boite de couleurs

August 24, 2016


Aaaaah, la troisème boite de couleurs... Elle est l'aboutissement des deux premières, la consécration... Regardez-moi  ces couleurs subtiles, ces tendres dégradés... Ressentez comme elle invite vos perceptions à s'organiser, à s'affiner... Elle invite à la nuance... La nuance : l'essence du monde physique comme du monde de la pensée...

La troisième boite de couleurs est un matériel hautement sensoriel : elle ouvre à l'exploration de l'environnement, elle exerce la capacité à discerner les différences. En pédagogie Montessori, les couleurs ne sont pas des noms arbitraires, mais des outils. Une couleur n'est pas "Bleue" : elle est pigment, ombre et grain - et, éventuellement Azur, Acier ou Cobalt. C'est quelque chose qui existe, et en tant que tel, qui dit quelque chose sur le monde.

D'un point de vue plus strictement pédagogique (le délire ci-dessus, quoique touchant à l'essentiel à mon avis, n'aurait pas place dans une conversation avec mon supérieur hiérarchique... 😄), les sens s'éduquent, avec ce matériel, à travers la répétition consentie. L'enfant manipule le matériel selon son besoin. L'objectif n'est pas qu'il sache nommer avec précision les nuances manipulées, mais qu'il affine ses sens à travers un travail d'attention, de comparaison et de jugement.

J'adore la troisième boite de couleurs Montessori ... 😊


Mais elle coûte 40 euros (au bas mot). Ce qui rend son achat absolument non rentable pour nous dans un cadre domestique - allons, soyons lucides, mes enfants la manipuleront chacun une à deux heures de temps, si l'on met toutes les séances bout à bout. Le ratio dépense/encombrement futur/temps d'activité n'est pas bon. 

Fin du rêve.


A moins que...  😉

Il y a une idée qui a fait le tour de la Toile, et qui me semble faire écho à tous les objectifs poursuivis par cette troisième boite. 

Je vous en parlais déjà ICI : il s'agit de travailler avec des nuanciers (disponibles en magasin de bricolage) en double exemplaire : la bande de référence reste intacte, et permet le contrôle de l'erreur, et la deuxième bande est découpée en sections, qui sont collées sur de petites pinces à linge.


La première étape, pour l'enfant, consiste en une mise en paire - pas si simple car certaines nuances, sorties de leur dégradé, semblent tomber sous plusieurs couleurs à la fois ...

Ensuite, on peut procéder de manière très classique : on demande à l'enfant de construire le dégradé tout seul, sans modèle. On commence par ne proposer qu'une seule couleur, dont les nuances sont mélangées sur un plateau...


... puis on les introduit toutes en même temps.


Et bien sûr, les nuanciers intacts servent à contrôler l'erreur.


Certaines d'entre vous ayant évoqué la difficulté à dénicher des nuancier gratuits, voici quelques variantes qui permettent de pallier ce manque :

- Vous pouvez peindre vous-même vos dégradés, en partant d'une couleur "pure" à laquelle vous ajoutez une petite dose de blanc entre chaque mélange. C'est plus créatif, et il s'agit d'une expérience sensorielle intéressante (à mener avec l'enfant !), mais c'est aussi plus plus hasardeux quant au résultat. Il est à peu près certains que vous ne pourrez reproduire la délicatesse des nuanciers (c'est normal, il y a le travail de toute une équipe derrière le choix de chaque pigment... !). Une fois votre dégradé obtenu, il ne vous reste plus qu'à peindre une pince à linge et un rectangle de carton de la même nuance, et le tour est joué.

- Si vous avez une imprimante sous la main (et des cartouches toutes neuves !), rendez-vous chez La Petite Ruse, qui offre de très beaux nuanciers à télécharger.

- Enfin, si vous n'avez ni énergie, ni temps, ni imprimante, ni rien du tout, pourquoi ne pas investir dans un gros stock de coton à broder ? L'enfant pourra manipuler et classer les écheveaux du plus clair ou plus foncé, et vous pourrez réutiliser le fil une fois l'engouement passé... 😉

Bonne soirée chez vous, et n'oubliez pas d'admirer les couleurs de notre monde ! 😊

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